Droit international
Vendredi, midi.
En théorie, tu envisages toujours
le matin précédant un partiel comme un créneau bonus te permettant de relire
les derniers articles doctrinaux publiés par ton prof.
En pratique, ce matin là, tu es
rarement capable de quelque chose.
Levée beaucoup trop tôt (en
pensant pourtant qu’il n’est plus l’heure d’être à l’heure), je m’extirpe du
terrier en direction de la bibliothèque, où, arrivée sous la grande verrière et
la lampe opaline, poco a poco, ma
concentration diligente se mue en une excitation dissipée. Je survole les
fiches, je me répands en pronostics, je zone dans l’aile Soufflot entre
café-gobelet, Winston Slim, et pipi-room.
Le droit international public est
une belle matière d’utopistes, relativement agréable à étudier (j’adore,
en plus des noms bigarrés de la jurisprudence, les leçons de géopolitique qui s’y
trament en décalcomanie). Anyway, il est 11h50, l’ambiance se plombe peu à peu.
De sa grande natte blonde, de son mini 36, et de son QI XXL, « Madame le
Professeur» pénètre la salle d’examen.
« Dans
quelle mesure les extraits rapportés de la décision CIJ 1957 Certains emprunts norvégiens France c/ Norvège illustrent la logique du droit international
public ? »
#volonté commune des états
#conditions de réciprocité
#subsidiarité du juge
international.
Droit public n°1
Lundi, quatorze heures.
En théorie, tu penses que chacune
de tes compositions universitaires répondra à la formule cicéronienne « la pensée est libre ».
En pratique, sache que si tu dois
d’abord te coffrer la méthodologie de la forme et la rigueur du syntagme
juridique, tu finiras, en fin de second cycle, par t’abandonner entièrement à
l’éthique du Maître.
Herr Professor tient à ses
postulats et souhaite se masturber l’égo en lisant ta copie.
En conséquent, s’il te suggère d’abord
subrepticement d’acheter son bouquin (« tout le cours est dans mon livre »,
façon « je dis ça, je dis rien »), c’est pour, ensuite, te balancer
un partiel sur un sujet qu’il adule.
En clair, si t’as pas l’aura
intellectuel d’un Habermas en devenir, il t’est absolument conseillé de ne pas
faire de vague - «l’ennui naquit un
jour de l’université » Balzac
L’exercice devient plus pénible encore
lorsque le fameux bouquin (et donc l’ensemble du cours, t’as compris) aborde les
mouvances du droit constitutionnel façon 100% réac (la-faute-à-l-immigration/la-faute-aux-droits-de-l-homme/et-vive-le-souverainisme).
Dès lors, tu fais «le trottoir
sur ta copie », tu racoles activement der
Herr Professor.
Prise en flag de fayottage, t’en
viens même à t’épancher sur la décision d’irrecevabilité de la CEDH concernant
le référendum suisse anti-minaret.
#Honnêteté intellectuelle en berne mais je veux mon année
Droit public n°2
Mardi, treize heures.
Le vote du projet de la loi
Taubira a lieu à l’Assemblée, je passe le dernier partiel écrit du reste de ma
vie (te braque pas sur l’effet d’annonce, y a peut être moyen que je me chauffe
pour un LLM). Je maîtrise P-A-R-F-A-I-T-E-M-E-N-T les 25 jurisprudences fondamentales
et considère avoir intégré la complexité du séminaire.
Et pourtant, au moment de tout
donner, une lazy synergie m’envahit, une quasi-flemme, une langueur d’esprit, un
manque d’étincelle…
#Foutredieu
#il y a du soleil
#allons boire des coups
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