mercredi 20 mars 2013

Passe ton barreau, peaufine ta fiche


Tout bachelier respectable, tout étudiant concerné a déjà expérimenté « la fiche » à savoir la mise à plat en synthèse pertinente d’un cours sur papier bristol. Pour ma part, j’ai toujours considéré la fiche comme un instrument essentiel permettant la découverte du cours la réactivation des connaissances et le début de l’apprentissage.

En droit, ficher est un sport national. Se pratiquant essentiellement dans les périodes pré-partiels (« le marathon de la fiche »), certains aficionados de la pensée organisée s’y livrent toute l’année avec régularité.

Être « toujours en train de ficher » 14 heures avant un partiel de finances publiques exprime une situation-merde-noire, «ficher le TD » permet d’être performant aux questions missiles de ton chargé, «demander les fiches » de ta connaissance d’amphi, sans aucune contre partie (lance rapido ton action en rescision pour lésion), revient à vouloir lui spolier une partie de l’effort de guerre.

La fiche est un art.

L’ayant expérimentée sur tous les formats (de l’A3 à la version mini-fiche-ticket-de-métro), sur tous les supports (de la page blanche au quadrillage) et sur toutes les matières (crayon papier, bille, plume, stabilos), j’aime que la fiche soit typologiquement intéressante et qu’elle finisse sale et cornée (preuve parfaite de mon assiduité). Ficher un cours de 150 pages pour en faire 60 fiches récapitulatives te donne toujours un peu d’entrain (ressens la joie éphémère due à la réduction quantitative de ce que tu dois maintenant apprendre par cœur).

Seulement, avec le barreau c’est différent. Primo je pratique la fiche « à l’ordinateur » (moins chronophage). Deusio, sache qu’il ne s’agit plus de 150 pages mais d’un total de 3000 pages à synthétiser.

Dès lors, scénarise dans ta tête un travail de fourmis (en étant très concentrée tu « fiches » environ 7 pages/heure – soit 428 heures de fiches en perspective – Youpi-i-i-i), un travail de patience (comme l’impression d’être au premier jour de ton ascension du Kangchenjunga lorsque t’ouvre ton pavée de droit des obligations – appelle moi syngué sabour), et donc un travail assez pénible.

Quid de la synthèse : j’ai tellement peur de « planter le barreau » à cause d’une petite jurisprudence récente ou d’une subtilité a priori insignifiante que je fiche en quasi intégralité les manuels conseillés. (Compte 488 pages de fiches finalisées pour l’épreuve de procédure administrative).



Passe ton barreau, pécho ta robe et aime tes fiches (tu vas bientôt dormir avec).




dimanche 17 mars 2013

En attendant la robe, chronique d’une dérive vestimentaire


Septembre 2008 : Mate mon law profile

Avant ton premier cours d’introduction au bicamérisme dans un amphi saturé de testostérones post bachelières, l’arrivée en fac de droit se concrétise par l’appréciation minutieuse du code vestimentaire des autochtones : la découverte du « law look » s’alliant à la grande dérive consumériste du « preppy style » eut une saveur toute grisante de pêché interdit.



Mon adaptation imitative fut expresse : à trop observer les brochettes de baby skin (18 ans et 3 mois au compteur) déambuler sur talons de 12 pour les TD de 7h45 (scandale !!!), il ne me fallut que quelques jours semaines pour adopter le « law profile » (l’oreille perlée, la « petite robe», la veste de tailleur – les sacs griffés XXL et la chevalière or massif en moins).


Le mimétisme (plus motivé par l’expérience du «j’ suis un caméléon » – renomme moi Comtesse de Castiglione que par le sentiment d’appartenance ou l’envie de sociabiliser - compte moi 4 amis en 5 ans) triompha rétroactivement de l’ensemble de mon dressing. De robes en soie en pantalon cigarette j’ai fini par troquer mon sac Gérard Darel pour une serviette en cuir cognac #seprendreausérieux.com#.


Mars 2013 : Epargne mon Low Look



Un matin d’hiver, au hasard d’un trajet maison-bibliothèque, faire face à une vitrine de miroitier, questionner la silhouette et entendre mon fort intérieur me chantonner goguenard le « tu t’laisses aller » du vieil Aznavour.

«Ah! Tu es belle à regarder
Tes bas tombant sur tes chaussures
Et ton vieux peignoir mal fermé
Et tes bigoudis quelle allure
Je me demande chaque jour
Comment as-tu fait pour me plaire? »

Oublies les bas (I hate ces trucs tout fin qui se filent sans cesse) et les bigoudis (le cheveux est bien assez frizzy) et visualise un look de rat de bibliothèque aliénant ma féminité entière et tout sex-appeal potentiel.

A lire la Gazette du Palais plutôt que le ELLE, à passer mes samedis en amphi plutôt qu’en itinéraire shopping, je suis devenue l’ambassadrice du no style, l’égérie des no look, la frustrée de la fashion planet.

Tandis que ma baby skin fait vieille peau, j’ai perdu le goût du paraître. Dès lors, je déambule, façon tout confort et sans complexe, sapée comme une collégienne : comprends à plat dans mes baskets, à l’aise dans mon legging, au chaud dans mon sweat shirt. Pour parfaire la no dégaine, je me suis mise au sac à dos (la honte sur toute ma descendance) et le cheveux (sec –en attendant d’être gras) reste H24 tiré en chignon.

S’il me vient à regretter le goût des belles choses (en hurlant chaque matin dans la maisonnée « j’ai plus une Friiiinnngueeeee »), sache que je ne vais plus me rincer l’œil sur les vitrines de la rue des francs-bourgeois mais sur des sites de geek, vendeurs d’habits complètement régressifs.

Si, cet hiver, mon pote « Ju le Hipster » m’a interdit dissuadé d’acquérir ce manteau fausse fourrure ASOS avec capuche à oreilles de nounours («Oublie, t’as plus 12 ans »), ma lubie du moment est représentative d’une régression vestimentaire caractérisée.

Exit les rêves de It dress, je veux un sweat au fond psychédélique orné d’un hamster « cro mimi-mimi » brandissant les attributs de la monarchie.


Passe ton barreau, choppe ta robe et retrouve ton look (ou finis camionneuse).

samedi 9 mars 2013

Le(s) dîner(s) avec mes copines du barreau


Un jour, au milieu « des pétasses du 6ème arrondissement, descendantes de trois générations d’avocats et s’habillant exclusivement au Bon Marché » (ne vient pas m’agacer pas avec le principe de non discrimination, je serai obligée de te rappeler mon droit à la liberté d’expression #languedeputeaddict#), j’ai trouvé des copines à la fac de droit.

Rencontrées fortuitement en travaux dirigés de droit public de l’économie à raison de commentaires grivois sur notre chargé très sexy-croc, je les ai ensuite retrouvées pour passer le barreau.

Avec elles j’ai passé plus 1080 heures (=7920 minutes/jour réparties sur 12 semaines), emmurée (fucking bibliothèque) avec pour seul dessein la maîtrise totale de ce qui se tramait silencieusement dans mes bouquins (« Bordel, c’est quoi un pacte par succession future ?»).

Si l’expérience ne vaut pas le détour, je t’assure que ça créer des liens solides (la version étudiante du camp scout-camping-bivouac).

En période de barreau, la pause déj/dîner (25 minutes pour t’alimenter d’un sandwich desséché et gober 3 cafés-gobelets-dégeus) (Bon ok, des fois on s’octroyait un croque monsieur à la terrasse du Vavin mais toujours en lorgnant le rosé de la table voisine en buvant l’eau de la carafe) et la clope expresse sont les moments « sunshine » de ta vie.

Tes copines de galère deviennent celles à qui tu exhibes sans complexe tes mauvais cernes (5 cm de profondeur, taux noirceur variable), celles que tu appelles 28 fois par semaine pour t’entendre dire/leur dire « lâche rien, donne tout », celles avec qui tu rêves à haute voix d’une vie meilleure.

Ainsi, quand le soir du jour des résultats aucun de nos trois noms s’est trouvé mentionné sur la liste d’admissibilité, nous sommes devenues des comparses « for the rest of our life », trinquant, hilares (entends rire jaune de hyènes meurtries), à notre médiocrité (chacune d’entre nous clamant avoir espéré jusqu’au bout la réussite des autres, toutes admettant que l’échec général était indéniablement fédérateur).

En souvenir de notre « summer of work » et en prévision de celui qui arrive, nous faisons bonne chair une fois par mois, nous livrant alors à des discussions de plus en plus paradoxales(compte six heures de tchatche enflammée) :

1) L’analyse de l’échec (« j’aurais eut 2 semaines de plus pour réviser je l’avais – cette année je commence à bachoter en juin »)

2) L’analyse de nos capacités (« le barreau, on l’aura, c’est facile (ou pas), on est pas des débiles (même si l’expérience prouve que…)»

3) L’analyse de la profession («j’ai des amis d’amis qui sont avocats, qui trouvent pas de collaboration, qui sont payés 2000 euros HTC, qui finissent à 23h, qui bossent le week-end, qui sont célibataires, qui deviennent alcooliques, qui font une dépression et qui prennent des anxios. Euh pourquoi je veux faire ce métier déjà ?»)

Concluant toujours par un « faut se barrer vite et loin » (la faute à la crise), nous fantasmons l’ouverture de notre resto français branché-cosy-stylé sous des contrées exotiques (Beijing/Bogota/Pondichéry) (la vérité on tient notre business plan).

Après tout ça, on en revient toujours hic et nunc pour une bonne dernière tchatche de pétasses parisiennes intra muros (entends le combo gossip/mec/manucure).

Soit, rappelle moi que je t’ai écrit que le vendredi soir je m’appelle Cendrillon.

Demain, samedi, 9 heures, dans un amphi sans fenêtre et sans chauffage, j’ai trois heures d’épreuve de droit public de l’économie et le chargé sexy-croc n’est plus là.

Passe le barreau, pécho ta robe et aime tes week-ends.

dimanche 3 mars 2013

Paie ta note de synthèse


Samedi 2 mars 2012 (amphi sans fenêtre et sans chauffage, la faute à l’autonomie des universités ?) : 12h -17h : note de synthèse.

Le professeur mi chérubin mi guignol, qui m’enseigna cet été la « méthodologie » de la note de synthèse aimait répéter à son auditorat blême (à défaut d’être bronzé – je vais pas te refaire la complainte de la vacancière en deuil mais jouer à Ratus tout l’été implique nécessairement une carence de mélanine – tout teint hâlé est suspect (arrête les coca-clopes sur la terrasse de Beaubourg et retourne quickly à ton bureau si tu veux pas finir comme les autochtones du lieu –  loin de moi l’idée d’évoquer les bibliothécaires  (Big up Aunty)- visualise plutôt la centaine de clochards qui y trouvent une maison).

« Pendant l’épreuve, le destin est entre vos mains, avant non, après non plus, mais pendant l’épreuve oui. Comme disait Lenny Kravitz, « it ain’t over until it’s over »… Donnez tout. Frappez fort ».

Mouais.

Le ton conquérant version United States Marine n’est pas sans me déplaire, mais, ne faisant pas partie de la tribu d’Antigone - chacun ses problèmes de famille - j’eus aimé m’entretenir avec le chérubin-guignol à propos de sa conception du terme « destin » (dois-je te rappeler que le destin est – à la base – une divinité aveugle issue de la nuit et du chaos – en soit pas vraiment une belle rencontre le jour du BIG DAY –).

Soit.

Outre ces références hasardeuses (Lenny Chéwi, I love your songs, mais t’as quand même tatoué sur ton sexy body «my heart belongs to Jesus» après t’être détroussé une belle brochette de mignonnes ok ça me regarde pas), tu as saisi l’importance du moment.

La note de synthèse (NDS pour les initiés) c’est THE épreuve du barreau.

Et le problème c’est que personne ne sait pourquoi (laisse moi être Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, je te fous le feu aux poudrières aussi bien que Mohamed Bouazizi – et Shit c’est le ministère de la justice qui fixe les modalités du barreau - #TaubiraGroupie#)

Pute borgne ! Aucun étudiant en droit n’en a J-A-M-A-I-S fait avant (excepté les traîtres qui ont tenté une évasion vers les écoles de commerce). Aussi, laisse moi te prouver que c’est aux A-N-T-I-P-O-D-E-S du métier d’avocat.

Je m’explique.

Imagine un dossier d’une cinquantaine de pages sur un thème juridique patate chaude  affligeant de banalité façon «l’information et le droit » (#bâillementssonores#) ou « la surpopulation dans les prisons françaises » (pour ma part j’ai vu à l’ombre de la république de S.Mercurio à l’espace Saint-Michel avec en guest Gabriel Mouesca, je suis refaite)

Tu dois le lire (très) rapidement, « synthétiser » tes idées en 4/5 pages (si tu fais UNE SEULE ligne de plus sur la sixième page ta note est divisée par deux – Français, ton académisme te tuera, ou t’a déjà tué). Le climax de l’exercice consiste en la citation de tous les documents (compte en une vingtaine regroupant législations, jurisprudences et doctrine. Si tu oublies UN document, ta note est divisée par deux – Français tu serres à rien)

« Célérité analytique » me diras-tu ! Que nenni, tu ne me réconcilieras pas.

Car, là où le bas blesse (vraiment), c’est que la dite note doit être impérativement neutre et impersonnelle…

Mais gardez donc cette épreuve pour les aspirants fonctionnaires du service public administratif ! (Chers lecteurs, je ne suis qu’amour pour la fonction publique (sauf les jours où elle fait grève et m’empêche l’accès au bassin de la piscine), mais sache que le fonctionnaire a un devoir de neutralité et que, de surcroît, cette épreuve lui siéra à merveille).

A l’inverse, l’avocat a pour fonction de défendre son client. Il glose le texte à son avantage (« les petits arrangements du baveux »). Ainsi, il est de nature partial et subjectif (dans la limite du tolérable of course – Prends pas le juge pour un con ça l’énerve - ton client y perdra/ton client tu perdras).

Laissez nous rédiger des conclusions ! (Amis préparationnaires, mettons en place une pétition, demandons les mêmes conditions d’examen que le barreau américain).


vendredi 1 mars 2013

Dans 205 jours, passe ton barreau


M-7 : du mutisme oisif au mutisme laborieux


Suite au « deuil » long (3mois) et angoissant ("où vais je ? que fais je ? qui suis je ? t'es une merde, t'es une merde, t'es une merde") dû à l’échec de mon premier barreau, je décide de sortir enfin de mon « mutisme oisif »(comprends état latent dépressif voué à la procrastination).

« Le barreau est un concours examen basé sur le mental » (vox populi)

Entends par là que cela dure longtemps (de septembre à décembre), que tu bousilles sacrifies ton été (ou ton deuxième (bibi), voir ton troisième (Ô God, épargne moi) et qu’enfin, c’est laborieux : se bouffer apprendre l’ensemble du droit des obligations, de la procédure administrative contentieuse et du droit public de l’économie (maintenant tu connais mes matières) ça t’use, ça te crève, ça t’éreinte.

Arrivée au 25 janvier 2013, après avoir encaissé les vœux de «bonne année» où tous tes proches t’évoquent ta potentielle réussite au barreau (message subliminal à intérioriser : « cette fois te rate pas» - non, non je n’ai pas la pression), il était temps de renaître de ses cendres (big up, appelle moi le Phénix).

Après avoir acheté un vélo (économie de temps pour les trajets fac/ bibliothèque/ maison), m’être inscrite au yoga (il paraît que la deuxième fois, ce qui peut te trahir c’est la crise d’angoisse aiguë) et pris un abonnement à la piscine municipale (quand tout mon Facebook juilletiste sera à CALVI ON THE ROCKS, j’irais nager dans le chlore yeahhhh !), je suis retournée à l’institut d’études judiciaires (IEJ).


D’abord pour vérifier que j’étais bien inscrite au concours à l’examen du barreau.

Mon chèque, m’acquittant des droits d’inscriptions, n’ayant pas été débité depuis le 9 novembre (date des résultats de non-admission aux oraux - aussi une fois ces derniers annoncés, tu « jouis » d’un délai de 3 jours pour (re)prendre la décision de (re)tenter la sordide « aventure » alors que t’as juste une seule envie : MOURIR. De déception(fucking espoir, fucking égo)et de fatigue), je me voyais déjà expliquer au monde mon incapacité à me réinscrire dans les règles et la nécessité impérative d’attendre les inscriptions de la session suivante - soit 2014 – #aijeunechancedetravailleravant30ans?#.

Après confirmation de ma (ré) inscription (Madame la secrétaire de l’IEJ laisse moi t’embrasser sur les deux joues et t’offrir une boîte de calissons), l’emploi du temps m’a été remis.

Pendant mon « mutisme oisif », j’ai raté une douzaine d’heures de droit des obligations (balot c’est la matière qui m’a fait raté les oraux où j’ai eut 2/10).

L’ensemble des conférences (toutes dispensées de 20h à 22h les soirs de semaine – j’aime ma vie – et merde le lundi j’ai YOGA) et du programme des épreuves dites d’entrainements du samedi (8h/13h ou 12h/17h) sont notifiés sur 4 pages recto verso police 6.


Résolution n° 1 : s’interdire de penser à ce que le reste du monde (entends l’ensemble de mon réseau social) me proposera, puis ne me proposera plus (traîtres) fera pendant les huit prochains mois lorsque que je serais enfermée dans une bibliothèque. Ce ressassement de pensées nourrit ma (grande) frustration et amplifie mon désir d’évasion (d’abandon parfois).
Aussi, c’est mauvais pour la rate.


Le 25 janvier 2013, je commence à égrener les obligations qui m’incombent.

Outre ma présence (même passive) aux séminaires du master 2 et aux conférences de l’IEJ, les partiels du mois d’avril, les entrainements du samedi, il me faut avant juin rédiger mon mémoire (état d’avancement actuel 5%) et ficher en intégralité les matières écrites du barreau.

Résolution n°2 : Jusqu’en juin, diviser la semaine en deux : 3 jours consacrés au barreau et 3 jours au master 2. Travailler 6 jours sur 7, huit heures par jour.blogger la nuit
Ne plus sortir la semaine (sauf le lundi, y’a yoga.  Bon, pour les anniversaires je fais encore une exception) et boire des un verres le vendredi (appelle moi Cendrillon par contre)
Bien manger (entendre sainement, l’idée étant de ne pas finir « boulie ». Barreau n°1 : +3 kg sur la balance – ouais ouais le stress ça fait gonfler mais jamais autant que les paquets de gâteaux tout choco boulottés entre 10h et 10h30/ 23h et minuit pour "se donner du courage") et dormir (le plus possible).

« L’habitude appartient aux déterminations les plus difficiles » (Hegel)

Je griffonne sur des carnets des plannings journaliers, hebdomadaires, mensuels, trimestriels, semestriels… Découper le temps pour le ranger dans des tableaux Excel (triste). S’y tenir (dur).

Mon plan de développement est parachevé.

Après avoir forcé l’Amoureux au serment de ne pas me quitter avant septembre prochain («je te jure je vais essayer de gérer le duo vernis/épilation jusqu’en juillet»), je suis entrée, depuis le 1er février 2013 en phase de « mutisme laborieux ».

Pour en finir avec la bibliothèque « all the week long », les « profite de ta vie étudiante » (ta gueule je profite de rien du tout) et des dîners où (presque) tout le monde a un job, un boss, et des after works (« tu bosses dans quelle boîte ? » « Beaubourg, BNF, Cujas, Sainte Barbe – ça dépend des horaires et des jours d’ouverture Connasse »),

Pour s’extirper du regard inquisiteur de ta famille façon « 25 ans et toujours à notre charge » et des soirées baby-sittings (les enfants que je gardais post bac ont bientôt l’âge d’être mes potes)

Je me suis mise à relire les Gazettes du Palais (pour le côté people - un peu trop gonflés les brush' de Christiane Féral-Schuhl nan?) et la semaine juridique (Big up LexisNexis).

Wake up,



Dans 205 jours, bis repetita, je passe le barreau.

Le pourquoi du "je veux pécho la robe" 2/2


2 – l’ancrage de la vocation ou le stage chez Maître Barre* (*cherche pas dans l’annuaire des baveux c’est un pseudonyme)

Les trois années suivants mes 18 ans j’ai adoré décortiquer le mot. J’ai frissonné de plaisir et roucoulé de béatitude à le sentir s’ « allitérer », s’amplifier, s’ « anaphorer », s’«antonomaser» (Welcome in the studies of literature)

Puis, tel Maître Vergès (oui j’aime bien me trouver des filiations intellectuelles grandiloquentes, ça me met en joie - et vas vite lire Justice et Littérature avant de me parler de l’affaire Klaus Barbie), je suis entrée à la fac de droit - avec la vague ambition de devenir notaire (What’s wrong with me ? comprends bien que seul l’appât du gain fut le motif de cette lubie fugace).

Ma licence s’est déroulée sans éclat ni fracas, toujours traversée de forces intérieures contraires : antipathie instantanée pour le droit privé (laisse moi «puke » sur le droit des sociétés), empathie exaltée pour le droit administratif (appelle moi Blanco (amis non juristes bonsoir, je fais ici référence à l’arrêt de 1873 du Tribunal des conflits ayant affirmé l’autonomie du droit administratif).

Revenons à la robe (parce que, quand tu fais du droit public y a pas non plus dix mille possibilités – à moins de vouloir être juriste en collectivités territoriales – no thanks même si tel est peut être mon destin #le suicide est-il une option ?#).

J’ai fait un stage chez Maître Barre, spécialiste en droit des étrangers– et là – 


SUPERCALIFRAGILISTICEXPIALIDOCIOUS 


(va chercher en ton for intérieur la chansonnette de Mary Poppins) je suis « tombée en amour de la profession » et réactivé d’emblée les envies de l’enfance.

Outre les moulures blanches de « mon » bureau, la moquette rouge du couloir, les bougies boisées Astier de Villatte, la cantine tokyoïte (le starbucks, les chocolats d’Angelina), les coupes de Ruinart un soir sur trois, l’avenue de l’Opéra lumineuse sous le ciel d’été, les vogues fumées en douce avec Maître S², le tombé de la robe impeccable de Maître Barre laissant dépasser des shoes toutes aussi impeccables by Pierre Hardy , j’ai A-D-O-R-E (prends ton intonation de fashion week) m’initier à la profession d’avocat.

Car celle-ci lie l’essentiel (comprends là mon essentiel).

Être avocat, c’est être dans le mot (de la parole à l’écrit), dans l’écoute (entends l’amoncellement de dossiers chuchoter leur tranche de vie)

Être avocat, c’est être dans l’urgence juridictionnel, en mouvement entre ici (le cabinet/ ton vase clos) et là bas (le tribunal/ l'ailleurs de ton client).

Être avocat, c’est entrer dans l’arène, c’est provoquer la lutte.

"Je n'aime pas le travail, nul ne l'aime; mais j'aime ce qui est dans le travail l'occasion de se découvrir soi-même, j'entends notre propre réalité, ce que nous sommes à nos yeux, et non pas en façade. " (J.Conrad)