samedi 9 mars 2013

Le(s) dîner(s) avec mes copines du barreau


Un jour, au milieu « des pétasses du 6ème arrondissement, descendantes de trois générations d’avocats et s’habillant exclusivement au Bon Marché » (ne vient pas m’agacer pas avec le principe de non discrimination, je serai obligée de te rappeler mon droit à la liberté d’expression #languedeputeaddict#), j’ai trouvé des copines à la fac de droit.

Rencontrées fortuitement en travaux dirigés de droit public de l’économie à raison de commentaires grivois sur notre chargé très sexy-croc, je les ai ensuite retrouvées pour passer le barreau.

Avec elles j’ai passé plus 1080 heures (=7920 minutes/jour réparties sur 12 semaines), emmurée (fucking bibliothèque) avec pour seul dessein la maîtrise totale de ce qui se tramait silencieusement dans mes bouquins (« Bordel, c’est quoi un pacte par succession future ?»).

Si l’expérience ne vaut pas le détour, je t’assure que ça créer des liens solides (la version étudiante du camp scout-camping-bivouac).

En période de barreau, la pause déj/dîner (25 minutes pour t’alimenter d’un sandwich desséché et gober 3 cafés-gobelets-dégeus) (Bon ok, des fois on s’octroyait un croque monsieur à la terrasse du Vavin mais toujours en lorgnant le rosé de la table voisine en buvant l’eau de la carafe) et la clope expresse sont les moments « sunshine » de ta vie.

Tes copines de galère deviennent celles à qui tu exhibes sans complexe tes mauvais cernes (5 cm de profondeur, taux noirceur variable), celles que tu appelles 28 fois par semaine pour t’entendre dire/leur dire « lâche rien, donne tout », celles avec qui tu rêves à haute voix d’une vie meilleure.

Ainsi, quand le soir du jour des résultats aucun de nos trois noms s’est trouvé mentionné sur la liste d’admissibilité, nous sommes devenues des comparses « for the rest of our life », trinquant, hilares (entends rire jaune de hyènes meurtries), à notre médiocrité (chacune d’entre nous clamant avoir espéré jusqu’au bout la réussite des autres, toutes admettant que l’échec général était indéniablement fédérateur).

En souvenir de notre « summer of work » et en prévision de celui qui arrive, nous faisons bonne chair une fois par mois, nous livrant alors à des discussions de plus en plus paradoxales(compte six heures de tchatche enflammée) :

1) L’analyse de l’échec (« j’aurais eut 2 semaines de plus pour réviser je l’avais – cette année je commence à bachoter en juin »)

2) L’analyse de nos capacités (« le barreau, on l’aura, c’est facile (ou pas), on est pas des débiles (même si l’expérience prouve que…)»

3) L’analyse de la profession («j’ai des amis d’amis qui sont avocats, qui trouvent pas de collaboration, qui sont payés 2000 euros HTC, qui finissent à 23h, qui bossent le week-end, qui sont célibataires, qui deviennent alcooliques, qui font une dépression et qui prennent des anxios. Euh pourquoi je veux faire ce métier déjà ?»)

Concluant toujours par un « faut se barrer vite et loin » (la faute à la crise), nous fantasmons l’ouverture de notre resto français branché-cosy-stylé sous des contrées exotiques (Beijing/Bogota/Pondichéry) (la vérité on tient notre business plan).

Après tout ça, on en revient toujours hic et nunc pour une bonne dernière tchatche de pétasses parisiennes intra muros (entends le combo gossip/mec/manucure).

Soit, rappelle moi que je t’ai écrit que le vendredi soir je m’appelle Cendrillon.

Demain, samedi, 9 heures, dans un amphi sans fenêtre et sans chauffage, j’ai trois heures d’épreuve de droit public de l’économie et le chargé sexy-croc n’est plus là.

Passe le barreau, pécho ta robe et aime tes week-ends.

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