Un jour, au milieu « des
pétasses du 6ème arrondissement, descendantes de trois générations
d’avocats et s’habillant exclusivement au Bon Marché » (ne vient pas
m’agacer pas avec le principe de non discrimination, je serai obligée de te
rappeler mon droit à la liberté d’expression #languedeputeaddict#), j’ai trouvé
des copines à la fac de droit.
Rencontrées fortuitement en
travaux dirigés de droit public de l’économie à raison de commentaires grivois
sur notre chargé très sexy-croc, je les ai ensuite retrouvées pour passer le barreau.
Avec elles j’ai passé plus 1080
heures (=7920 minutes/jour réparties sur 12 semaines), emmurée (fucking
bibliothèque) avec pour seul dessein la maîtrise totale de ce qui se tramait
silencieusement dans mes bouquins (« Bordel, c’est quoi un pacte par
succession future ?»).
Si l’expérience ne vaut pas le
détour, je t’assure que ça créer des liens solides (la version étudiante du
camp scout-camping-bivouac).
En période de barreau, la pause déj/dîner
(25 minutes pour t’alimenter d’un sandwich desséché et gober 3 cafés-gobelets-dégeus)
(Bon ok, des fois on s’octroyait un croque monsieur à la terrasse du Vavin mais
toujours en lorgnant le rosé de la table voisine en buvant l’eau de la
carafe) et la clope expresse sont les moments « sunshine » de ta vie.
Tes copines de galère deviennent
celles à qui tu exhibes sans complexe tes mauvais cernes (5 cm de profondeur,
taux noirceur variable), celles que tu appelles 28 fois par semaine pour
t’entendre dire/leur dire « lâche rien, donne tout », celles avec qui
tu rêves à haute voix d’une vie meilleure.
Ainsi, quand le soir du jour des
résultats aucun de nos trois noms s’est trouvé mentionné sur la liste
d’admissibilité, nous sommes devenues des comparses « for the rest of our
life », trinquant, hilares (entends rire jaune de hyènes meurtries), à
notre médiocrité (chacune d’entre nous clamant avoir espéré jusqu’au bout la
réussite des autres, toutes admettant que l’échec général était indéniablement
fédérateur).
En souvenir de notre
« summer of work » et en prévision de celui qui arrive, nous faisons bonne
chair une fois par mois, nous livrant alors à des discussions de plus en plus
paradoxales(compte six heures de tchatche enflammée) :
1) L’analyse
de l’échec (« j’aurais eut 2 semaines de plus pour réviser je l’avais –
cette année je commence à bachoter en juin »)
2) L’analyse
de nos capacités (« le barreau, on l’aura, c’est facile (ou pas), on est
pas des débiles (même si l’expérience prouve que…)»
3) L’analyse
de la profession («j’ai des amis d’amis qui sont avocats, qui trouvent pas de
collaboration, qui sont payés 2000 euros HTC, qui finissent à 23h, qui bossent le
week-end, qui sont célibataires, qui deviennent alcooliques, qui font une
dépression et qui prennent des anxios. Euh pourquoi je veux faire ce métier
déjà ?»)
Concluant toujours par un
« faut se barrer vite et loin » (la faute à la crise), nous
fantasmons l’ouverture de notre resto français branché-cosy-stylé sous des
contrées exotiques (Beijing/Bogota/Pondichéry) (la vérité on tient notre
business plan).
Après tout ça, on en revient
toujours hic et nunc pour une bonne
dernière tchatche de pétasses parisiennes intra muros (entends le combo
gossip/mec/manucure).
Soit, rappelle moi que je t’ai
écrit que le vendredi soir je m’appelle Cendrillon.
Demain, samedi, 9 heures, dans un
amphi sans fenêtre et sans chauffage, j’ai trois heures d’épreuve de droit
public de l’économie et le chargé sexy-croc n’est plus là.
Passe le barreau, pécho ta robe
et aime tes week-ends.
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